BRUNO CHATELIN: UN PASSIONÉ DU SEPTIÈME ART
«J’aimerais faire la promotion de la marque France, au sens plus large, pour mettre en synergie le luxe, l’art et la gastronomie, où la France a su se créer une place de choix».
Bruno Chatelin est un passionné du septième art. Son parcours dans la publicité l’a amené vers le cinéma pour travailler avec les plus grands: Steven Spielberg, Woody Allen, Claude Lelouch, Tom Hanks, Martin Scorsese, Al Pacino, Costa Gavras, Terry Gilliam, Stephen Frears, Keneth Branagh, James Ivory, Francis Ford Coppola, Michael Bay, Sean Penn, Jack Nicholson, entre autres. Sa gestion, d’abord en tant que Directeur de Marketing et Communication de Columbia TriStar, ensuite comme Directeur Général de UDF(UGC-FOX Distribution), a permis de positionner UDF comme le 3ème distributeur mondial des films, dès la deuxième année d’existence. Candidat à la Présidence d’UniFrance, co-fondateur de filmfestivals.com, membre votant de l’Académie des César, membre du conseil de la European Film Academy et des Hollywood European Awards, il vient d’ajouter une nouvelle corde a son arc: la création de sa société de production Emotion Film Factory, avec laquelle il a produit le court-métrage Ensemble, primé au Festival de Cannes et prépare quatre films: Braquages, C’est un secret entre nous, Vengeances et plus si affinités et Twisted avec Caterina Murino, Gael García Bernal, Claudia Gerini, Gina Gershon, Martina Stella, Jordi Molla et très probablement Vincent Gallo et Viggo Mortensen.
«Le fil conducteur de mon parcours c’est la communication et l événementiel…»
Monsieur Chatelin, comment vous présenteriez vous en quelques lignes?
Le fil conducteur de mon parcours c’est la communication et l événementiel: HEC. J’ai été formé en agences de publicité internationales puis dans la distribution de films pour des majors et une expertise des nouveaux média et du digital. Mon parcours en résumé: HEC – 10 années de communication comme commercial en Agence de Publicités Internationales: JWT, DMM, Publicis Intermarco. 10 années comme distributeur (Dr Marketing de Columbia TriStar, puis DG d’UFD à sa fondation en 1995) en charge du lancement de plus de 200 films dont Independence Day, Hook, Cliffhanger, Terminator 2… – Co fondateur, DG depuis 1999 d’un site international consacré aux festivals et marchés du film. www.filmfestivals.com (9 millions de pages vues mensuelles dans le monde); partenaire de Cannes, membre de l’ Académie des César, membre du Conseil de la European Film Academy et des Hollywood European Awards.- Directeur administratif du campus International audiovisuel Eicar Cherbourg, (Studios, École de cinéma, événementiel), Directeur du développement du Groupe Eicar Paris Cherbourg.
«J’ai mis en place un GIE entre UGC et la Fox autour d’ambitions déclarées très fortes…»
Vous avez commencé votre carrière dans la publicité; quand vous est venu l’envie de vous tournez vers le cinéma? Quel a été le déclic?
Le hasard bien sûr: je travaillais, en agence de publicité, à la promotion du savon Lux pour Unilever. J’ai eu l’intuition que le passé publicitaire de la marque pouvait intéresser les média, les étudiants, les partenaires…J’ai construit un cas marketing documenté de photos et vidéos récoltées à Londres, Rome et New York au siège s de l’agence et le format pour qu’il puisse servir les intérêts des clients en racontant la belle histoire du savon dont le positionnement «le savon des stars» s’est décliné dans toutes les langues, dans le monde entier. Le dossier mettait en avant des centaines de photos et vidéos, la liste de ces milliers de stars du cinéma qui avaient servi la marque: toutes sauf Greta Garbo. Nous avons obtenu des passages sur les grandes chaînes FR2 Canal, des doubles pages dans la presse cinéma (Studio, Première, Télérama); un grand succès à plusieurs millions et qui m’a donné une visibilité sur le marché. C’est un chasseur de têtes qui m’a proposé le poste de Directeur du Marketing et de la communication de Columbia TriStar Films, aujourd’hui Sony.
«La plus belle réussite: le challenge humain réussi autour de la constitution d’une équipe soudée et performante en dépit des grosses contraintes qu’imposaient le rythme effréné des sorties.»
Quelle a été votre expérience à la tête de FD: UGC Fox Distribution?
Il s’agissait d’une création de poste et de Société. J’ai mis en place un GIE entre UGC et la Fox autour d’ambitions déclarées très fortes: co-produire ensemble, distribuer les films UGC dans le monde entier à travers le réseau de la Fox, devenir un des leaders de la distribution en France et réaliser des économies de fonctionnement substantielles. Au programme, une carte blanche et une contrainte temps: devoir tout mettre en place au premier jour d’entrée en fonction, ce qui m’a valu quelques nuits blanches dans mon emploi précédent. La plus belle réussite: le challenge humain réussi autour de la constitution d’une équipe soudée et performante en dépit des grosses contraintes qu’imposaient le rythme effréné des sorties. L’expérience la plus douloureuse: devoir accepter de sortir le plus gros line up de films: 26 films sur le premier semestre, un record absolu et stupide. La plus grosse déception: le constat que les deux sociétés ne pouvaient pas se rejoindre sur un projet commun, trop d’écart culturel et structurel. Des beaux résultats: 3ème distributeur dès la deuxième année d’existence avec 35 films dont Independence Day (record au Box Office français entrées 1er jour). Année record de CA pour la FOX: 10m€. 1M€ d’économies annuelles de frais de structures par partenaire. J’ai été nommé par le Film Français au sein des personnalités marquantes l’année du lancement.
«J’ai eu le privilège de travailler avec les plus grands et je ne pourrai pas tous les citer.»
Vous avez travaillé avec de grands réalisateurs, pouvez vous partager avec nous quelques expériences ou anecdotes lors de ses collaborations?
Ça va être difficile…rires… J’ai eu le privilège de travailler avec les plus grands et je ne pourrai pas tous les citer. Au hasard: Claude Lelouch, Costa Gavras, Terry Gilliam (sur 3 films: Baron Munchausen, 12 Monkeys, Fisher King), Stephen Frears, Keneth Branagh, James Ivory (Slaves of New York, Remains of the Day), Francis Ford Coppola (Dracula), Steven Spielberg (Hook), Woody Allen (3 films, dont Alice), Sean Penn, Tom Hanks (3 films, dont Philadelphia), Al Pacino, Scorsese, Michael Bay, Roland Emmerich (Independence Day), Schwarzenegger (3 films, dont Total Recall), Stallone (4 films, dont Rambo), Van Damme… Coppola me conseillant de quitter Columbia pour me mettre à mon compte: il m’a dit: «stop beeing a Dog, become a Wolf», ce que j’ai fini par faire et au passage j’ai lancé Wolf qu’il avait produit avec Jack Nicholson.
«Coppola me conseillant de quitter Columbia pour me mettre à mon compte: il m’a dit: «stop beeing a Dog, become a Wolf». «
Racontez-nous votre expérience en travaillant avec Monsieur Claude Lelouch?
Une rencontre forte! Le plus édifiant pour moi lors du travail sur «Hommes Femmes mode d’emploi» a été de constater son incroyable intuition et ce talent inné pour le casting de ses films. Le choix de Bernard Tapie était tout simplement formidable! Bien entendu, c’était aussi un gros coup médiatique, mais d’abord celui d’un vrai acteur! Au passage, j’ai adoré la sensibilité marketing de Tapie: un apprentissage très rapide de techniques pourtant très spécifiques qui a justifié que nous lui avons confié la promotion du film sur la région de Lyon et Marseille: «si je leur ai vendu des pompes, j’arriverai bien à leur vendre mon film…» Parlons chiffres: Chez Claude qui est un peu superstitieux, tout se décline en 13, sa salle de projection le Club 13 bien sur; le nombre des copies que nous avons sorties était un multiple de 13…Un journaliste a publié une information sur le cachet de Tapie 3F par ticket vendu! Cette information a fait boule de neige et déclenché l’indignation et de nombreux refus du public de donner 3F à Tapie en allant voir son film: Par principe, ils n’auraient pas bougé si l’information était sortie en pourcentage, mais c’était trop tard et cela a sans doute couté 500000 entrées au film. Au final un gros succès un peu tronqué…
«Le plus édifiant pour moi lors du travail sur «Hommes Femmes mode d’emploi» a été de constater son incroyable intuition et ce talent inné pour le casting de ses films. Le choix de Bernard Tapie était tout simplement formidable!»
Parlez-nous de vos créations filmfestival.com et fest21.com
En 1995, au début de l’internet, mon associé a été l’un des premiers à imaginer l’usage que les festivals de cinéma allaient pouvoir tirer de l’Internet. Je l’ai rejoint sur cette idée et, ensemble, nous avons fondé le premier média strictement dédié à cette industrie en pleine croissance. Nous listons plus de 6000 festivals sur notre plateforme, nous avons construit un réseau social, un facebook pour la communauté des professionnels du circuit des festivals. Chacun peut y ouvrir un compte et publier et promouvoir son film ou son festival. Notre rôle: la mise en relation des premiers avec les seconds. En chiffres 370000 visiteurs uniques par mois et 129000 abonnés…
Depuis peu, vous êtes devenu producteur de cinéma, avec votre propre boîte de production; racontez nous quels projets nous préparez vous avec votre société Emotion Film Factory?
La société est toute jeune, fondée avec Christophe Kourdouly, beaucoup d’expérience, et surtout pas mal de projets en développement. Le rythme de la production est plutôt lent. Nous avons une dizaine de scenarii en préparation à différents stades. Notre premier projet Ensemble www.ensemble-themovie.com, est un court métrage de 17 minutes sur la vie de L’imam de la mosquée de Paris, qui a sauvé plus de 1000 jeunes juifs pendant la deuxième guerre mondiale, en les faisant passer pour des musulmans. Ce court a remporté un prix à sa première projection publique à Cannes: prix Banlieuz’Art. Nous travaillons avec Vera Belmont sur un long métrage. C’est une ré-écriture moderne et musicale de Cendrillon avec Naomi Watts, Neve Campbell, Malcolm McDowell, Jonathan Pryce… Nous montons également un fonds d’Investissement de 50M€ dans la distribution en Europe s’appuyant sur une alliance de distributeurs, presque une mini major en somme.
«Je suis hélas frappé par la prégnance et domination sans partage du modèle américain des 2 modèles devrais-je dire: celui d’ Hollywood et celui des «indépendants».»
Vous avez été candidat à la présidence d’UniFrance lors des dernières élections. Vous retenteriez l’expérience? Si vous deveniez un jour président d’UniFrance, quels serez vos axes de travail? Changeriez-vous quelque chose à la façon d’exporter le cinéma français dans le monde?
Je me représenterai quand j’aurai plus d’expérience de l’intérieur et comme membre. J’ai deux idées majeures à apporter: le développement du financement externe par le sponsoring et les partenariats dont je suis un expert, après avoir monté plus de 500 partenariats autour de films et l’intégration de la promotion du cinéma au sein de la promotion de la marque France, au sens plus large, pour mettre en synergie le luxe, l’art et la gastronomie, où la France a su se créer une place de choix.
Comment voyez-vous le cinéma actuel? Européen, Américain et Latinoaméricain?
Je suis hélas frappé par la prégnance et domination sans partage du modèle américain des 2 modèles devrais-je dire: celui d’ Hollywood et celui des «indépendants». Le reste du monde s’appuie sur quelques «auteurs», mais l’ambition manque encore trop souvent. Il me semble que l’importance du marché constitué par les pays parlant l’espagnol devrait lui permettre d’imposer des productions susceptibles de voyager mieux qu’aujourd’hui. La barrière du langage condamne trop de productions à un destin minoritaire; l’avenir est sans doute aussi dans les co-productions en langue anglaise.
Todas las fotos cortesía de Filmsfestivals.com
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